Nique la Kro ! n° 6 & 1/2

- De les fêtes, putain -

   Ho, ho, ho ! [1] Oiselles et oiseaux ! Je vous les souhaite bien bonnes ! 

   Mais non, pas les fêtes… Je refuse de tomber ici dans les travers de mes contemporains et de vous infliger une série de « joyeux nowel » ou « bon réveillon ! », ou encore  « en espérant que vous vous pétiez le bide, histoire qu’il y ait d'avantage de place sur terre. » Ce serait malvenu. Et sans doute mal reçu : je vous sais, mes biens chers lecteurs, quelque peu susceptibles. Déjà, ch’uis un peu à la bourre pour nowel, mais vous me le pardonnerez, j’espère. Ça commence dès la mi-novembre, on peut faire durer jusqu’en février, non ?

 

   J’ai la chance de faire partie d'une famille peu nombreuse, exempte, qui plus est, de gros beauf qui nous abreuve de ses théories politiques si chères à SesMorts (Éric de son prénom), ou du dernier match de foot de son équipe favorite revu en détails. Alors, je passe des fêtes agréables. Mais j’ai bien conscience que nombre d’entre vous n’ont pas ma bonne fortune. Alors, plutôt que de vous faire le listing de tous ces fantastiques cadeaux que j’ai eu la joie de recevoir, 33e écharpe incluse, je vais vous entretenir d’autre chose.

« Et de quoi sera-ce ? » me questionnerez-vous emplis d'une insatiable curiosité.

   Mmmh, excellente interrogation estimé lecteur ! … À laquelle je ne saurais répondre. Alors digressons, sautons de l’âne au coq, puis au mouton. Comptons-les et endormons-nous bien, sur nos deux oreilles.

   Ah ! Voilà une expression bizarre autant qu’étrange : ‘‘dormir sur ses deux oreilles’’… Vous avez déjà réussi, vous ? Moi, ça me parait impossible, on dort soit sur une seule, soit sur aucune. Ou alors, je n’ai pas les oreilles placées au même endroit que tout le monde. C’est une possibilité que je garde à l'esprit.

   Je me suis toujours demandé s’il fallait prendre cette expression au pied et à la lettre. À savoir : vous détachez vos deux oreilles, les positionnez pleines de sang et de chair putrescente sous votre oreiller douillet, et dormez dessus comme un loir, ou un bienheureux, au choix. Mais cela ne s’avère sans doute possible qu’après avoir consommé deux-trois cachets de morphine histoire d’oublier la douleur. Alors autant zapper la première étape, s’enfiler les cachetons, et on dormira pareil… tout en bénéficiant d'un réveil plus serein.

   Bon, Je me rends compte qu'il n'est pas si évident de digresser, alors revenons à nos moutons (oui, ceux que l’on a sauté auparavant).

        24 décembre, 23h55 :

   Caché derrière notre canapé familial, j’attends, fébrile, que le bonhomme en rouge (ou vert, ou peu importe) se pointe pour sa distribution. J’ai tout bien préparé : un bol de lait tiède repose au pied du sapin, que j’ai au préalable blindé d’acides et agrémenté d’une rasade conséquente de rhum pour en masquer le goût  (vu la couperose qu’il se tape, je suppute qu’il est porté sur la chose) ; j’ai suspendu les chaussettes au-dessus de la cheminée, et fait bien attention à ce que les aiguilles qui en bardent le pourtour soient dissimulées.

   Malheureusement, mes comprimés de morphine font effet juste avant le minuit fatidique… Je me réveille le lendemain, mes deux oreilles bien en place. Je constate alors que c’est le chien qui a bu le lait : avachi dans l’entrée de la maison, il balbutie des propos incohérents tout en ricanant dans sa barbe. Et c’est mon petit neveu, 6 ans et tout mignon, qui est allé fouiller dans les chaussettes. J’ai cru comprendre, une fois à l’hôpital, qu’il pourrait sans doute réutiliser sa main droite sans trop de soucis après neuf mois de rééducation.

   Quand je vous dis que j’ai passé des fêtes agréables, croyez-moi sur parole !

   Quant à jouer une bonne farce au père nowel ? Bah, ce n’est pas grave, je les aurai l’année prochaine ce sacripant et ses rennes.

   Sur cette promesse qui sera sans doute tenue, je vous souhaite de grosses sales fêtes et  vous suggère :

À la revoyure !

Arno.

 


 

[1] Pourquoi 6 et ½ ? Eh bien, estimé lecteur, votre curiosité vous jouera des tours, soyez en certain. Mais pas cette fois : n’étant point disponible lundi prochain pour vous faire part du troisième volet de mon incontestable et grandiloquente réflexion sur la communication, je me fends d’une chronique intermédiaire, rédigée à la va-vite, et vous donne rendez-vous le lundi suivant (le 5 janvier pour ceux qui ne suivraient pas) avec le Nique la Kro ! n°7.

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